De juin à octobre 2025, l’IPSOC a mené un benchmark auprès de professionnels du contrôle de gestion sociale afin de mieux comprendre les pratiques, les enjeux et les évolutions du métier face à l’actualité sociale, réglementaire et technologique.

Les résultats de cette étude ont été présentés et discutés lors d’une réunion de restitution organisée le lundi 15 décembre, en présence des entreprises participantes et des membres de l’association.
Une étude représentative des réalités du terrain
Ce benchmark repose sur la participation de 31 entreprises, qui ont répondu à un questionnaire composé de 28 questions réparties en 8 sections, couvrant 7 grandes thématiques d’actualité du contrôle de gestion sociale :
- La mise en œuvre de la CSRD
- L’impact de l’IA sur le pilotage RH
- Les pratiques de transparence des rémunérations
- Les nouvelles formes d’absentéisme et de turn-over
- Les NAO
- L’évolution des équipes et des activités de pilotage social
- Les outils utilisés
Les entreprises participantes représentent un effectif total de 420 000 salariés, avec une médiane de 2 000 collaborateurs et une moyenne de 13 500, traduisant une forte diversité de structures (grands groupes et organisations de taille plus modeste).
Les principaux secteurs représentés sont le BTP, la fonction publique, le commerce et la distribution ainsi que les services.
CSRD : un enjeu désormais immédiat pour la majorité des entreprises
Directive européenne publiée en 2022 et mise en application en France en 2024, la CSRD concerne déjà près de trois quarts des entreprises répondantes, avec une première publication en 2025 ou 2026.
Même si certaines dispositions pourraient être ajustées par la loi Omnibus I, la CSRD constitue un chantier prioritaire pour les entreprises du panel.
Lorsque la fonction RSE est présente, elle prend naturellement le pilotage du projet. Dans les organisations de taille intermédiaire ou multisites, la CSRD est le plus souvent portée par une équipe projet transverse, pilotée par la maison mère ou le groupe. Le portage par les RH reste encore marginal.
Le temps consacré à la CSRD est très hétérogène :
- 30 jours en médiane,
- 83 jours en moyenne,
Ce qui traduit des niveaux de maturité très différents, notamment selon que les entreprises étaient déjà soumises à des obligations de reporting.
Côté outils, Excel reste majoritaire (37 %), mais on observe une montée en puissance des outils décisionnels (30 %) et des solutions dédiées à la CSRD (20 %).
Le benchmark met en évidence que la CSRD est aujourd’hui le reporting le plus chronophage, devant le bilan social, posant la question de sa soutenabilité dans le temps.
IA et pilotage social : de fortes attentes, encore peu de cas d’usage
Les entreprises expriment de fortes attentes vis-à-vis de l’IA, notamment pour :
- L’analyse des données,
- L’aide au benchmark,
- L’analyse prédictive.
Pour autant, les cas d’usage restent encore limités. Les outils les plus utilisés aujourd’hui sont ChatGPT et Copilot.
Les principaux freins identifiés concernent la sécurité des données, le RGPD et la mise en œuvre d’une IA responsable.
Transparence des rémunérations : un chantier encore peu engagé
Plus de la moitié des entreprises (52 %) n’ont pas encore engagé de démarche de transparence des rémunérations.
Celles qui ont initié des travaux se sont principalement concentrées sur :
- Des études de rémunération,
- La formalisation de politiques de rémunération,
- Des démarches de grading.
Les secteurs de la finance et de l’IT sont en avance sur ces sujets, tandis qu’aucune tendance nette ne se dégage selon la taille des entreprises dans les autres secteurs.
NAO : des enveloppes en baisse pour 2026
Les prévisions issues du benchmark confirment une tendance à la baisse des enveloppes NAO, avec une estimation moyenne de 1,7 % pour 2026.
Près des deux tiers des entreprises anticipent une diminution de leur enveloppe, les autres prévoyant majoritairement une stabilité.
En matière d’outils, Excel reste prédominant (81 %), loin devant les solutions spécialisées comme Workday.
Absentéisme et turn-over : des évolutions contrastées
Si près de la moitié des entreprises observent une baisse de l’absentéisme et du turn-over, les tendances de fond depuis 2022 montrent une hausse progressive des nouvelles formes de l’absentéisme : burn-out, absentéisme de l’encadrement et des managers.
Le benchmark révèle :
- Une hausse de l’absentéisme des managers dans une majorité d’entreprises,
- Une hausse de l’absentéisme des moins de 30 ans,
- Une stabilité du turn-over des managers et des jeunes.
Pour répondre à ses nouvelles formes d'absentéisme et de turn-over les entreprises déploient majoritairement des processus d’onboarding et d’offboarding, et, dans une moindre mesure, des études approfondies de l’absentéisme.
Évolution des équipes de pilotage social
Les équipes de pilotage social sont principalement composées de profils CGS, RH et SIRH.
Dans les organisations de plus de 1 600 collaborateurs, on observe l’émergence du profil Data Analyst, en réponse à la dématérialisation, à l’explosion des données et aux besoins croissants d’analyse prédictive.
Si un équilibre existe entre analyses récurrentes et ponctuelles, la production de données reste très consommatrice de temps, au détriment de l’analyse, alors même que la demande d’aide à la décision augmente.
Outils : Excel toujours central, mais de plus en plus complété
Sur l’ensemble des missions du contrôle de gestion sociale, Excel demeure l’outil le plus utilisé, suivi des requêteurs SIRH, des outils décisionnels et des logiciels financiers.
Les requêteurs et outils BI, souvent complémentaires des logiciels de paie, facilitent non seulement l’accès aux tableaux de bord mais renforcent également les capacités d’analyse.
Conclusion
Ce benchmark 2025 met en lumière un contrôle de gestion sociale en pleine transformation, confronté à des exigences accrues en matière de qualité des données, de conformité réglementaire et d’aide à la décision.
Il confirme également le rôle central du CGS comme acteur clé de la structuration, de l’analyse et de la valorisation de la donnée sociale, dans un contexte où l’IA ouvre de nouvelles perspectives… à condition de disposer de bases solides.
